L'EMIGRATION
FRANCAISE VERS LA LOUISIANE DE 1698 à 1754
Marie
Claude Guibert, Gabriel Debien et Claude Martin ont étudié
cette emigration déprès les notariales des ports atlantiques.
Ils distinguent trois phases :
3.C
- La Compagnie d'Occident (1718-1719)
A Nantes
aussi Law fait recruter des engagés pour sa plantation. Ses agents
sont Pierre et Jean Michel "anciens conseillers magistrats et échevins
et juges en chef des marchands". Une lettre du 22 mars 1719 leur
a transmis ses pouvoirs.
- Jacques Guion, de Tours, Paroisse de N. D. la Riche, Indre-et-Loire,
22 ans, ouvrier en bois, fils de Jacques & Marie Allard "qui
pour le temps de trois ans entiers et consécutifs qui commenceront
le jour où il arrivera sur l'habitation", travaillera de son
métier étant nourri et entretenu comme les autres ouvriers
de la colonie, recevra 6 sols par jour jusqu'à son embarquement
qui se fera à La Rochelle, et 12 sols par jour pour sa marche à
pied jusqu'au port d'embarquement, laquelle sera réglée
à quatre jours. Là il recevra en montant à bord bas,
souliers et autres choses nécessaires. A l'arrivée à
l'habitation, il sera remis à neuf, et aura des outils. Ses gages
: 60 livres par an, payables à ma fin de chaques année,
moins les 15 livres qu'il touchera d'avance à La Rochelle. Une
année supplémentaire de gages lui sera distribuée
pour le récompenser des terres défrichées pour s'établir.
S'il veut repartir, il sera repassé en France aux frais de Law.
Signe (Minutes Guillet de Nantes).
3 aout 1719 :
- Alain Dugué, de Guipel, Evêché de Rennes, Ille-et-Vilaine,
19 ans, maçon, fils d'Alain, laboureur, travaillera de son métier.
200 l. par an. 50 l. d'avance à l'arrivée à La Rochelle.
Mêmes autres onditions. (Minutes Guillet de Nantes).
Charles Marin, "inspecteur sur les ouvriers de Monseigneur le Duc
de Guiche au pays de la Louisiane sur la Marie avait fait un testament
le 13 juillet 1720 à La Rochelle (Minutes Desbarres, registre
1718-1721, folio 182 v°). Il paraît bien ne pas être
parti seul pour l'habitation, mais avec la charge de surveiller un groupe
d'engagés.(Minutes Guillet de Nantes).
N'est-ce pas une première faille dans la confiance qu'inspirait
l'avenir de la concession de Law au Mississipi qu'on aperçoit dans
les désistements suivants passés à La Rochelle le
même jour, 11 mai 1720 (Minutes Desbarres, registre 1718-1721,
folio 182 v°).
Par devant M. Balin de Saint-Jean, notaire à Paris, Law avait constitué
le 28 janvier 1720, comme directeur de sa grande concession de la Lousiane,
Louis-Elias Stuthens, ancien commissaire de la Marine et comme sous-directeur
Jacques Levens, ancien consul du Roi du Danemark en Espagne. Ils ne devaient
recevoir aucun gage, aucune part des profits. Mais après leur dix
années de direction, ils auraient chacun en gratification le 30e
de la concession. Elle était de 16 lieues carrées.
Le 11 mai 1720, Stuthens pour 200 000 livres et Levens pour 100 000 livres
payables à Paris cèdent à Law la possibilité
de racheter leurs droits sur ces parts de terrain. Cette renonciation
sera entière dès que ces sommes seront payées.
En monnayant de futurs lots, Stuthens et Levens ont-ils fait ou essayé
de faire une spéculation financière ? Non seulement le terrain
ne leur appartenait pas encore, mais ils ne sont pas allés en Louisiane.
Cette offre contournée de rachat est-elle l'effet d'une hésitation
avant l'embarquement ? Les conditions offertes à ces directeurs
de la plantation ont-elles changées ? Est-ce à la fois une
opération financière et une précaution face à
un avenir très incertain ?
4
- Les concessionnaires (1719-1720)
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