La Louisiane
ou le rêve américain.
Après l'échec
de la colonie du Poitou, à partir d'octobre 1775, jusqu'en mars
1776, Nantes devient la capitale des Acadiens de France. Plus d'un millier
vont s'embarquer à Chatellerault pour descendre jusqu'à
Nantes. Beaucoup d'autres venant de Saint-Malo, Cherbourg, le Havre et
Belle-Ile vont se regrouper pour attendre leur départ.
Ces familles
vont attendre dix ans, s'installant provisoirement. Mal logés, ne trouvant
la plupart du temps que de petits travaux, beaucoup d'Acadiens mettent
tous leurs espoirs dans l'hypothétique départ vers la Louisiane.
En décidant de retourner
en Amérique, les Acadiens se fourvoyaient à nouveau dans les désordres
du monde. Trente ans d'exil, de deuil, de séparation ne leur suffisaient
pas, une dernière fois il fallait qu'ils subissent les conséquences de
bouleversements capitaux : en 1785, lorsqu'ils arriveront en Louisiane,
ils passeront sous la domination de l'Espagne; quinze ans plus tard, ils
redeviendront français et en 1812 ils seront américains.
Entre leur départ de l'Acadie et leur arrivée en Louisiane, il
se sera passé de grands événements et le continent qu'ils fouleront une
nouvelle fois aura changé de régime. Une nouvelle guerre de sept ans aura
eu lieu, qui conduira à l'indépendance américaine à l'époque où certains
d'entre eux poursuivent leur errance entre Saint-Malo, Morlaix, Belle-Ile
et le Poitou et où d'autres séjournent à Nantes.
Le général Montcalm avait prédit que, si la France perdait le Canada,
l'Angleterre perdrait l'Amérique. Vingt ans après le premier traité de
Paris, le second, celui de 1783, allait lui donner raison
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