L'EMIGRATION
FRANCAISE VERS LA LOUISIANE DE 1698 à 1754
Marie Claude
Guibert, Gabriel Debien et Claude Martin ont étudié cette
emigration déprès les notariales des ports atlantiques.
Ils distinguent trois phases :
ASPECT
GENERAL
Le premier
caractère de cette émigration est la diversité de
ses conditions. A côté d'ouvriers aux salaires élevés
: tonneliers, charpentiers, mesnuisiers à 600, 450, 350 et 300
livres par an payables en argent, il est de pauvres hères qui s'engagent
à 60 livres pour 3 ans ou à 300 livres de sucre brut ou
de tabac, ce qui ne faisait guère que 24 ou 25 livres pour toute
la durée de leurs services, une misère. Il en est même
qui partent pour leur seule nourriture.
Ceux qui s'engagent avec leur famille et dont la femme travaillera, n'ont
pas toujours à attendre pour cela des gages beaucoup plus élevés
que ceux des charpentiers ou des menuisiers. Un chirurgien reçoit
600 livres par an.
Il est sans cesse question "des conditions des îles",
ou "du prix de Saint Domingue". Les salaires des Antilles sont
un plan général de référence, mais souvent
pour en accorder alors de supérieurs comme si on cherchait à
détourner des îles les ouvriers aux métiers recherchés
pour les diriger vers le Mississipi. Il y a une surenchère.
L'avance au moment du départ de la moitié des gages de la
première année est générale. C'est exactement
comme les engagés qui vont au Canada le siècle précédent.
Tous les gages ne sont pas payés en argent. Il y en a naturellement
qui sont payés en tabac, mais peu. Bien davantage le sont en sucre
brut, c'est-à-dire en billet de sucre. Ce sont les gages les plus
pauvres.
Cette diversité des conditions de départ évoque,
à n'en pas douter, un recrutement très disparate. Nous connaissons
le métier de 275 des 437 engagés. En y joignant leurs femmes
et enfants (24 femmes et 28 enfants), ces 275 engagés constituent
un groupe de 327 personnes.
Les plus nombreux sont les hommes de la terre, et d'abord les laboureurs
ordinaires : 32 ; et les laboureurs pour le tabac 27 dont la plupart partent
avec leur famille. La moitié des laboureurs ordianaires n'ont que
des gages de pauvres hères, l'un part même sans savoir ce
qu'on lui donnera. 6 n'ont que 30 livres pour leur 3 années, 13
ont 300 livres de sucre soit 24 livres tournois. En revanche 3 sont à
100 livres, 5 à 150 dont un "lavoureur à bras"
et un "à boeufs" pour 300 livres ; et 2 "défricheurs".
Les laboureurs recrutés dans l'Agenais et le Comtat pour la culture
du tabac, ne reçoivent jamais moins que 150 livres et vont jusqu'à
300. Ils sont 32. Il est vrai qu'ils ont été levés
pour établir des plantations spéciales et privilégiées.
Ceux du Comtat partent en groupes et avec leur famille : 70 en tout.
S'il n'est qu'un vigneron, on compte 8 jardiniers aux salaires très
variés, l'un s'en remettant à la discrétion de son
engagiste, 3 payés entre 50 et 80 livres, d'autres 100 ou 150,
un seul 300.
Aux ouvriers de la terre se rattachent 14 garçons de services et
6 manoeuvres. Là non plus pas de salaire moyen car, l'un n'a que
sa nourriture, d'autres ont, pour 5 d'entr'eux, 300 livres de tabac, pour
10 entre 40 et 80 livres, pour un 200 et pour 3 : 250 livres. Ces 89 laboureurs,
jardiniers, bêcheurs, garçons de service avec leurs ménages
totalisent 190 personnes, près du tiers de nos émigrants.
Ici la proportion des paysans est considérablement plus forte que
celle qui partait pour les Antilles au 17e sicèle.
48 ouvriers du bois : charpentiers, tonneliers, scieurs de long, charrons,
menuisiers, fendeurs de merrains, etc... Les 18 charpentiers de navire,
ou de gros oeuvre, ou de moulin, ou de maison, pour trouver les meilleures
conditions possibles, se font payer, les charpentiers de gros oeuvres
600, 450 livres ; un charpentier et un charron : 600, un charpentier-calfat,
360 ; 2 charpentiers de maison ont même obtenu 500 et 400 l, tandis
qu'un charpentier de moulin et 2 charpentier de marine ne recevront que
200 et 300 l. Aux Iles, ils auraient pu avoir le double. Leurs gages varient
avec les circonstances. Lorsqu'ils sont recrutés avec de vastes
équipes, leurs salaires ne dépassent pas toujours la moyenne
de ceux du groupe. Ils sont bien plus élevés lorsqu'ils
partent isolés. Deux ne trouvent que 30 livres par an, un couvreur
100 livres.
Les tonneliers (11) savent se faire mieux valoir car ils ne partent pas
à moins de 150l. ; 7 ont même 300 livres. Un maitre tonnelier-charpentier
200 ; un tonnelier-défricheur 400. L'échelle des salaires
des scieurs de long est plus simple, elle va de 200 à 50 livres.
Avec sa femme, qui servira de servante, un scieur de long n'a que 80 livres.
Les 3 menuisiers et les 6 charrons trouvent d'assez beaux salaires : 300,
210 l. L'un n'a que 60 etun autre est même sans salaire. Mais ils
sont hors série. L'ensemble est aux salaires confortables, comme
en général les ouvriers du bois, car un doleur a 350 l.
et 3 fendeurs de merrains 210, 300 et 500 l. Les 41 ouvriers du bois sont
les mieux payés de tous.
Les ouvriers des métaux ne sont que 18, mais aux spécialités
multiples : 5 taillandiers ou forgerons, 3 arquebusiers, 3 serruriers,
3 maréchaux, 2 armuriers, un cloutier et un orfèvre "qui
ne travaillera que de son métier". Leurs gages sont assez
élevés bien que loin des plus beaux de St Domingue.
12 maçons, 6 tireurs et tailleurs de pierre, 3 briquetiers ont
entre 300 et 150 l.
Les briquetiers sont recherchés. Point de maçons qui soient
en même temps tailleur de pierre.
Peu d'artisans du vêtement : 8 tailleurs, 7 cordonniers, dont 9
a 200 l., qui doivent travailler sans doute de leur métier, mais
en était-il de même pour ceux embauchés à 300
l. de sucre ou a 50 ou 60 livres ? On peut leur rattacher un tanneur à
50 l.
Les ouvriers du textile sont en nombre négligeable un tessier reçoit
50 l. , un sergetier 150 , un bonnetier 60, un cardeur 150, 1 tondeur
et peigneur, et un ouvrier pour le tirage de la soie 150 l. L'insignifiance
du recrutement des tisserands est remarquable ici par rapport à
ceux qui allaient aux îles au cours du tiers de siècle précédent.
Faut-il conclure que, de 1715 à 1721, il n'y a pas eu de crise
dans l'industrie textile de l'Ouest ?
5 bourreliers, selliers, arçonniers ou bâtiers, 2 bateliers,
1 cergier, ont un salaire sans caractères particuliers, mais 2
fileurs de tabac ont 250 l. tandis que 2 perruquiers, qui ne sont pas
recrutés pour leur métier, ne gagneront, l'un que 60 l.
et l'autre que 300 l. de sucre.On rencontre aussi un écrivain,
un "bourgeois".
Les boulangers (12), les meuniers (5), ne s'opposent pas par leurs gages
; ceux des meuniers à 150, 300, 350, ou 500 livres sont élevés
; ceux des boulangers s'échelonnent de 15 à 300 livres.
Quatre gagneront 150 l. ou plus. Il faut dire que plusieurs boulangers
déclarent exercer, en même temps, un autre métier.
Ceci, en général, ne leur fait pas obtenir une plus haute
considération traduite en salaires plus élevés. Les
deux bouchers ne trouvent pas de salaire supérieur à 300
l. de sucre, ou "à la discrétion" du recruteur.
On est surpris de ne voir s'engager qu'un seul chirurgien (à 600
l.) et un seul second chirurgien (à 250 l.), alors que ces praticiens
se précipitent aux îles. Peut-être disait-on qu'ils
avaient plus de chance de s'y enrichir qu'à la Louisiane.
Enfin à une époque où le travail des engagés
et des esclaves était conduit par des contremaitres blancs, "un
commandeur pour l'agriculture", Guillaume Choiseul de Saint-Lo, est
embauché à 400 l.
En proportion,
il part beaucoup plus de femmes pour la Louisiane que pour les îles.
On compte 33 femmes, soit le treizième des émigrants, mais
il faut voir de plus prêt. Les femmes de 25 engagés qui viennent
avec leurs enfants doivent être considérées à
part. Regardons les isolées :
Le 24 septembre 1716
- Marie David, de La Rochelle, 26 ans, qu'emmènent deux engagistes
pour être leur servante. Elle a 26 ans, habite La Rochelle mais
est née à Saint-Denis d'Oléron. Son père est
décédé. Il était marinier. Sa mère,
présente au contrat, consent au départ/ Marie recevra 60
l. pour ses 3 ans, mais paiera son retour. Elle ne pourra se marier à
la Louisiane qu'avec l'autorisation de ses deux engagistes.
Le 14 février 1719
- A Bernard Cantillon s'engage Annbe Barreau, de Fontenay-le-Comte, de
20 ans, a 60 l. par an.
Le 19 février 1716
- Au même, Elisabeth Bertin, de l'Ile d'Oléron, 27 ans, cuisinière
et boulangère. Ses gages restent "A l'honêteté
du sieur Cantillon", mais comme il lui donne 100 l. d'avance, on
peut penser qu'elle sera payée 300 l. pour son temps de service,
ce qui est le plus beau salaire qu'obtienne une femme. Elle travaillera
de son métier ou "en tout autre chose raisonnable" sauf
"au labourage des terres".
Le 14 septmbre 1719
- La Compagnie d'Occident prend Jeanne Troiron, de Nantes, faubourg St
Clément, 33 ans, fille de feu Jean, gabarrin, "pour le temps
qu'il plaira à la Compagnie et aux gages que les commis jugeront
à propos". Elle devra leur obéir à peine d'être
punie comme rebelle aux ordres du roi. Il y a donc eu ordres du roi, donc
sans doute déportation par la police.
Le 3 mars 1720
- A Cantillon, Marianne Bertin (peut-être une soeur d'Elisabeth
Bertin), de l'Ile d'Oléron, 23 ans, comme servante pour tous travaux,
sauf le labourage. 100 l. par an.
Le 13 mars 1720
- Marguerite Privat, de Marennes, comme servante domestique 100 l. de
tabac par an. Aller seulement.
Le 1er janvier 1728
- Marianne Morin, veuve de Gabriel Balleau, de La Rochelle avec sa
fille âgée de 6 ans, à la Compagnie des Indes.
Le 2 janvier 1728
- Suzanne Méstayer, veuve de Jean Baptiste Manier, de La Rochelle,
à la Compagnie des Indes.
Le 3 janvier 1728
- Marie-Anne Fournier, de La Rochelle, 22 ans, dont les parents sont décédés,
à la Compagnie des Indes.
- Elisabeth Lacombe, fille de feu Mathieu, à la Compagnie des Indes.
Ce n'est pas comme engagées que partent ces 4 dernières,
mais comme passagères libres, ou demi-libres. La Compagnie des
Indes paraît les avoir poussées à partir en leur prêtant
200 l. à chacune et en leur versant, aux unes jusqu'à leur
embarquement, aux autres jusqu'à leur mariage, 20 soldes par jour.
C'est comme une pension alimentaire. Elles partent pour se marier. Jusque
là, et certainement ensuite, elles resteront dans l'ombre de la
Compagnie.
Que ce soit ou non précisé, il semble bien que les femmes
ne peuvent pas être contraintes à travailler à la
terre, sauf peut-être Jeanne Troiron. Elisabeth Bertin mise à
part, elles ne reçoivent que des gages assez modestes, mais elles
seraient plutôt mieux payées que celles qui accompagnent
leur mari, dans ces cas les gains du ménage étant peu supérieurs
à ceux d'un homme seul.
404 appelés,
femmes et enfants compris, ont une origine qui nous ést connue.
Ce nombre est assez important pour nous procurer une vue d'ensemble des
régions du recrutement : 95 sont de Bretagne, 27 de l'Aunis, 24
de la Saintonge, 17 du Poitou, 15 de l'Anjou, 8 de la Touraine, 5 du Maine,
4 de l'Orléannais, 2 de Normandie, 11 de Paris, 3 du Limousin,
3 de l'Angoumois, 3 du Périgord, 10 de l'Agenais et 67 - femmes
et enfants comptés - du pays d'Avignon, qui ont dû être
engagés dans le pays, le contrat nantais n'étant qu'une
mise en ordre de leur situation. Très peu d'étrangers :
un Bruxellois, 4 ou 5 Anglais et autant d'Irlandais.
En Bretagne, à notre grande surprise, Nantes n'est pas un important
foyer d'émigration, la Basse-Loire non plus, ni en général
les rives de la Loire, puisq'on enregistre que 2 départs de Chalonnes-sur-Loire,
2 d'Angers, 3 de Saumur, 6 de Tours, 2 de Blois et 2 d'Orléans.
Les courants commerciaux vers l'Amérique ou venant des îles
dont la Loire est l'axe ne paraissent pas avoir eu d'influence ici. Il
est vrai qu'il n'arrive presque rien de Louisiane. Par ses origines, cette
émigration reste en marge du mouvement vers les Antilles. Les tonneliers
pour les Antilles sont en grand nombre originaires de la vallée
de la Loire, ici ils sont en majorité rochelais.
Cette émigration est largement urbaine, c'est-à-dire pour
la moitié environ, et encore en ne comptant pas comme villes les
petits centres comme Machecoul, la Roche-Bernard, Hennebon, La Guerche
etc... L'origine paroissiale des engagés nantais est précisée.
Ce sont les faubourgs qui voient s'en aller les plus nombreux : Richebourg
5, Saint-Similien 3, Saint-Donatien 2 contre 1 de Sainte-Croix et un de
Saint-Nicolas, les paroisses du port. De même à Angers, les
2 engagés viennent de La Trinité.
La région cotière et les ports ne sont que pour un tiers
dans l'émigration bretonne. Nantes 21, La Roche-Bernard 2, Locmaria
1, Auray 3, Quimper 2, Brest 1, St-Malo 1. De la côte du Nord, pour
ainsi dire personne. Le mouvement est terrien avant tout : Machecoul,
Ste Lumine, Ste Pazanne, Loraux Bottereau, Basse-Goulaine, au sud de la
Loire ; Blain, Musillac, Hennebont, Questembert, Redon, Chateaubriand,
La Guerche, Vitré, Sion, Sucé au nord du grand fleuve. Mais
on n'arrive pas à savoir si on part des bourgs ou des villages
et écarts.
En Poitou, le contraste est grand entre les villes et les campagnes et
entre le Haut et le Bas Poitou. Sur les 19 engagés, 3 seulement
viennent de Poitiers, de Loudun ou de Fontenay-le-Comte et 11 du Bas-Poitou
contre 7 du Haut Poitou. Point d'engagés de la zone côtière.
D'Anjour, surtout des engagés de ville.
La Rochelle est le grand foyer des engagésde l'Aunis : 16 sur 27,
et on devrait joindre aux Rochelais ceux qui sont originaires de la Leu
et de Lafond, villages tout voisins. L'île de Ré n'est pas
une île où l'on paraît émigrer beaucoup : 2
engagés. D'Oloron, ils sont 7. Au reste, les charpentiers comme
les tonneliers sont pour la moitié d'origine urbaine.
Le petit nombre des Limousins, des Périgourdins et des hommes de
l'Angoumois indique où s'arrête la zone d'influence de Nantes,
où commence celles des ports de La Rochelle et de Bordeaux. De
même le nord eu Bas-Poitou va vers Nantes, le sud et tout le Haut-Poitou
vers La Rochelle.
Les engagés du Bas-Rhône, de l'Agenais et du Toulousain se
rattache à la culture du tabac. Leur départ a été
sollicité et leur recrutement choisi.
Les notaires nantaisc ce que ne font presque jamais les rochelais, mentionne
le lieu de naissance des engagés et leur domicile au moment de
leur départ ou le nom de la paroisse où continuent d'habiter
leurs parents. Cette double précision est précieuse, sans
que l'on sache toujours depuis quand ils sont en ville et s'ils y sont
venus pour attendre une occasion de partir pour la Louisiane. L'exode
rural se fait donc en deux temps.
Par ses caractères généraux, ce mouvement vers le
pays du Mississipi offre des contrastes avec celui qui au 18e siècle
a mené tant d'engagés aux îles quand elles s'établissaient.
Il paraît être beaucoup moins le reflet des conditions générales
de la situation intérieure de la France. Ces poussées de
départs pour la Louisiane ne sont pas si directement la conséquence
des misères du moment. Il s'agit de monter rapidement des plantations
de toutes pièces et qui doivent rapporter au plus tôt. On
recrute donc simultanément ou tout à tour, des engagés
aux métiers très demandés et que l'on trouve à
gros prix, et des miséreux ou des sans-travail qui s'en iraient
au bout du monde pour trouver à manger, et qui sont satisfaits
d'un louis au bout de leur service. Aux commencements des îles,
les marchands ont été les leviers de la mise en valeur,
ici ce sont des banquiers, des concessionnaires qui ont de gros capitaux
à placer au mieux.
L'immensité du pays a fait plus vite comprendre que son exploitation
était liée à la rapidité de son peuplement.
On aura voulu éviter l'instabilité de la société
des îles à ces deux premières générations.
Furent donc recrutées systématiquement des familles, des
femmes isolées que l'on voulait marier aussitôt après
leur débarquement au Mississipi. Pour la même raison, on
aura choisit des hommes au meilleur âge, jamais de plus de 40 ans,
et l'on aura repoussé les jeunes garçonsde moins de 16 ans,
si nombreux parmi les angagés antillais.
Deux questions se posent : ces actes d'engagés sont-ils la mise
en forme, la conclusion d'enlèvements, de départs forcés,
de déportations ? Si l'on observe le contrat de Jeanne Troiron,
on ne peut douter qu'elle est bien une exilée, une transportée
par ordre, mais elle paraît bien ici être seule. Les femmes
ramassées dans les hôpitaux, les hommes sortis de prison
ne partirent pas pour la Louisiane après être passés
devant les notaires de Nantes ou de La Rochelle, ou bien ils ont été
enregistrés sur des rôles particuliers qui sont perdus.
Combien de ces départs ont été spontanés ?
Combien l'effet d'une propagande qui dut être intense. Là
encore, pas de réponse possible. Les équipes aux salaires
de misère ont certainement été constituées
à Nantes et à La Rochelle, par des racoleurs aux promesses
mirifiques. Les femmes qui s'embarquent en janvier 1728 pour aller trouver
un mari, mais qui ne sont pas des engagés, s'y seront sans doute
décidées par des offres analogues, mais présentées
d'une autre manière et par un des directeurs de la Compagnie en
personne.
N'oublions pas que nous sommes ici surtout devant des engagés passés
par La Rochelle ou par Nantes, donc simplement devant une partie des départs.
Les notaires de Lorient, peut-être aussi ceux de Bordeaux et de
St Malo, auront dressé aussi beaucoup de contrats. Mais il n'est
pas à croire que ces actes présentent des engagments d'un
autre type et à des conditions très différentes.
Addendum
Lors
de nos recherches, nous avons constaté que les armateurs
étaient tenus de transporter, à leur frais, six engagés
par voyages à la Louisiane ou autre colonie d'Amérique.
S'ils ne trouvaient pas de candidats, il devaient payer une taxe
compensatoire de trois cent soixante livres (60 livres par engagé
?). N'est-ce pas aussi pour cela que certains capitaines engageaient
parfois à leur compte et rétrocédaient par
la suite les contrats aux colons les plus offrant ?
Ci-joint, photos de quelqes rôles illustrant cette obligation
: La Baleine,
La Marguerite, l'Ulisse, la Reine
de France et le Saint-Patrice (attention
au temps de chargement, ces images sont prévues pour le haut
débit)
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Une
société esclavagiste
L'expédition
acadienne de 1785
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