Les TRACTATIONS pour le Départ en LOUISIANE
Afin d'être plus crédible
auprès de ces derniers, Peyroux se fait aider dans ses approches par un
Acadien désireux de rendre service à son peuple et de permettre à terme
un regroupement des familles éclatées depuis la grande déportation de
1755. Cet intermédiaire s'appelle Olivier Terriot (1), il est maître cordonnier,
rue Dos d'Ane, sur la paroisse Saint-Jacques, à l'entrée sud de Nantes.
Après avoir hésité à s'engager,
Olivier Terriot, alors âgé de 28 ans, marié et père de plusieurs enfants,
finit par céder aux pressions de Peyroux et va jouer pendant deux ans
un rôle incontestable dans la préparation, puis le départ des Acadiens.
Son métier lui procure des revenus supérieurs à ceux de ses compatriotes
qu'il côtoie fréquemment dans son échoppe. Sa décision étant prise, il
va employer tout son temps à convaincre les Acadiens de Nantes de soutenir
le projet de Peyroux. Il fera circuler une pétition dans ce sens au sein
des diverses autres communautés, notamment à Saint-Malo, Nantes et Cherbourg.
Cette pétition implore «Sa Majesté Catholique» d'accorder aux Acadiens
la permission d'aller en Louisiane pour rejoindre leur parenté.
Charles III, souverain d'Espagne, accède à cette requête et autorise
Aranda à transporter en Louisiane la population acadienne de France.
La Cour de France n'avait pas été tenue au courant de ces multiples tractations
et c'est grâce à une indiscrétion que le comte de Vergennes, Ministre
de Louis XVI, apprend le projet.
Poussé par Peyroux, Olivier Terriot adresse à Vergennes une nouvelle pétition
revêtue de nombreuses signatures d'Acadiens désireux d'émigrer en Louisiane.
Le Ministre Vergennes d'abord réticent à ce projet, finit par l'accepter
et réussit à convaincre Louis XVI.
Mais une opposition se manifeste de la part des créanciers des Acadiens
qui tentent de faire échouer le projet en faisant arrêter les instigateurs,
c'est-à-dire Peyroux et Terriot. Ces derniers réussissent à échapper à
la prison et poursuivent leur entreprise. Enfin, le départ tant espéré
est annoncé pour le courant de l'hiver et des projets de contrats d'affrètement
avec des armateurs sont même préparés. Mais, en raison du mauvais temps,
et du fait d'âpres négociations qui se prolongent, le départ est retardé
jusqu'au printemps 1785.
(1) fils de Étienne
Terriot et d'Hélène Landry (sa première épouse). Cette famille a séjourné
à Pleudihen, en Bretagne, de 1759 à 1773.
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