A NANTES pour la LOUISIANE
En 1783, la guerre d'Indépendance
Américaine est terminée depuis peu. Or, jusqu'à l'engagement de la France
dans les hostilités, en 1778, les États révoltés furent fournis en armes
françaises. Ce trafic passe essentiellement par le port de Nantes dont
les négociants et armateurs jouent un rôle capital dans l'heureux aboutissement
de ce conflit avec l'Angleterre.
Auparavant, en 1776, Benjamin Franklin fait un voyage en France afin d'organiser
l'envoi des secours aux insurgents. En
raison d'une forte tempête, il débarque le 4 décembre dans le port d'Auray,
accompagné de ses deux petits-fils. Arrivé à Nantes, Franklin passe une
dizaine de jours chez Barthélémy-Jacques Gruez, armateur et planteur de
Saint-Domingue.
Avant de partir
pour Paris, il est invité, le 22 décembre, au château de la Placelière,
chez les Grou. Il tient à rendre visite aux sociétés de lecture et aux
imprimeurs.
Les Acadiens
de Nantes ont-ils eu connaissance de la venue de cet illustre visiteur
qui passera huit années en France et contribuera à rendre très populaire
la cause des Américains ? Son décès à Philadelphie, le 17 avril 1798,
sera ressenti comme un véritable deuil national dans notre pays.
C'est au cours
de cette même année 1783 qu'un certain Peyroux de la Coudrenière, originaire
de Nantes, où il a été pharmacien, revient d'un séjour en Louisiane où
il s'est rendu pour affaires. Il s'intéresse au sort des Acadiens, et
forme alors le projet de les établir dans ce territoire devenu Espagnol
depuis peu et de tirer bénéfice de cette entreprise. Ses relations avec
le comte d'Aranda, l'Ambassadeur d'Espagne à Paris, l'encouragent dans
ses démarches.
Peyroux est marié
à une Acadienne de Louisbourg, Prudence Rodrigue. Malgré cela, la communauté
acadienne de Nantes reçoit ses propositions avec beaucoup de réserves,
déçue qu'elle a été par maints projets antérieurs voués à l'échec. Cet
homme est un aventurier qui a connu des revers de fortune et pour qui
l'établissement des Acadiens en Louisiane est une aubaine.
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