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Les
habitants du Madawaska sont-ils à la fois Bretons et Normands ?
Les habitants
du Madawaska sont, à la fois, Bretons et Normands. Les familles
acadiennes établies dans la vallée de la rivière
Saint-Jean sont originaires de l'ouest de la France, quelques-unes du
Poitou, d'autres de Saintonge, mais la principale provenance est la Bretagne,
alors que les familles canadiennes sont principalement originaires de
Normandie, de Picardie, du Maine, de l'Ile-de-France et d'autres provinces
du Nord de la France.
Les familles
canadiennes s'établirent autour de la baie de Fundy et sur les
rives du Saint-Laurent. Les deux groupes, les Acadiens et les Canadiens,
furent, à tel point, séparés par une organisation
politique différente et soumis à une administration différente
que , bien que d'origine commune, ils sont deux peuples différents.
Cependant, dans
le Madawaska, après plus d'un siècle, ce phénoméne
est moins accentuée du fait des mariages mixtes, des relations
croisées et des contacts permanents ; et cette différence
fait l'originalité du "Madawaskan" (habitant du Madawaska)
qui est à la fois breton et normand, obstiné et débrouillard,
honnête et gai, actif et intelligent, généreux et
plein d'initiative, hospitalier mais incompris.
La longue séparation des deux groupes fit que les Acadiens et les
Canadiens de même origine sont devenus indifférents les uns
les autres.
Jusqu'à ce jour, il n'y a eu aucun signe d'un compromis ou de rapprochement
entre ces deux groupes, en dépit des mariages croisés et
des patronymes communs. Les Canadiens ont toujours pris l'attidtude froide
des Acadiens comme inamicale, alors que tout ce que ces derniers désirent
est de vivre leur propre vie, ayant été autonomes depuis
longtemps, ils sont devenus indifférents vis-à-vis de l'autre
groupe.
Contraint d'oublier
sa véritable nationalité, le "Madawaskan" a toujours
répondu, comme le fit le vieux paysan de St Basile, à un
Français aimable et poli, mais un Français de France bien
trop curieux : "Je suis un Madawaskan", avec la même suffisance
que les anciens Romains qui avaient l'habitude de dire : "Je suis
un Romain" ; ou le gentlemen londonien qui déclare : "
Je suis un sujet britannique".
La plupart des familles acadiennes peuvent retrouver les noms de
leurs ancêtres dans le recensement fait en 1671 par Hubert de Grandfontaine.
Ces familles vinrent en Acadie en 1632 avec le Capitaine de Frégate
de Razilly. Les familles qui vinrent plus tard de France en Acadie, sont
aussi représentées dans le Madawaska et l'on retrouve leur
noms dans les recensements acadiens suivants.
Plusieurs noms sont acadiens et canadiens, tels que Dupuis, Morin,
Pelerin, Lajoie, Savoie et Bertrand : il
est difficile de dire si ces familles viennent d'Acadie ou du Québec.
Quelques familles canadiennes qui sont passées par l'Acadie avant
1783, se retrouvèrent au milieu des mémorables conflits
qui éclatèrent avant la création du Madawaska. Ces
familles portent les noms de : Ayotte, Bourgoin, Sanfaçon, Duperry,
Lizotte, Fournier et Michaud.
L'histoire
canadienne et l'histoire acadienne enseignées dans les écoles,
placent en 1710 l'année durant laquelle l'autorité française
pris fin en Acadie. Mais la France ne s'est jamais beaucoup intéressée
à l'Acadie après la chute de Port-Royal.
Dès la signature du Traité d'Utrecht, la France commença
à fortifier l'île Cap Breton, où la Forteresse de
Louisbourg coûta $5,000,000. La France s'intéressa à
la colonisation de l'Ile du Prince Edouard, du Nouveau Brunswick de la
moitié de l'état du Maine (jusqu'à la Kennebec Valley)
La France appela ce nouveau territoire "l'Acadie française"
en opposition à "l'Acadie anglaise" comprenant la Nouvelle
Ecosse.
Ce qui n'empécha pas les Anglais de réclamer tous les territoire
français, à l'exception de l'Ile du Prince Edouard et de
Port-Royal.
Les Acadiens du Nord de la Baie de Fundy refusèrent de prêter
le serment d'allégeance à la couronne britannique, arguant
qu'ils étaient en territoire français. Les Acadiens de Nouvelle
Ecosse furent soumis aux lois anglaises et acceptèrent de prêter
serment à la condition qu'ils ne seraient être contraints
de combattre contre les Français ou les Indiens. C'est le même
serment qu'ils renouvelèrent auprès du Gouverneur Phillips
en 1730. A partir de cette date, ils seront appelés les Français
Neutres.
Aussitôt
après la signature du traité d'Utrecht, le Gouverneur de
Louisbourg et Québec, proposa aux Acadiens, qui se trouvaient sous
l'autorité britannique, de quitter la Nouvelle Ecosse pour les
territoires français de l'Ile Cap Breton, du Québec, de
l'ile du Prince Edouard ou de la vallée de la rivière Saint-Jean.
Ils pouvaient partir et beaucoup furent sensibles à l'invitation
du Gouverneur, mais les gouverneurs anglais ne voulaient pas d'une émigration
de masse, car ils avaient besoins des Acadiens pour renforcer Port-Royal.
Le destin des
Acadiens devint de plus en plus incertain. Ils étaient suspectés
chaque fois que les Français, les Canadiens ou les Indiens essayaient
de reconquérir leur ancienne colonie. Cependant, à partir
de 1730, sous la sage administration de gouverneurs impartiaux, la paix
fut assurée et la colonie prospéra.
Après
la fondation d'Halifax, les difficultés recommencèrent pour
les Acadiens venant du gouverneur Cornwallis, qui demandait aux Acadiens
de prêter inconditionnellement le serment d'allégeance à
sa Majesté le Roi George II, qui venait de monter sur le trône
d'Angleterre. La guerre entre la France et l'Angletere était en
prévision. A Halifax, les Anglais étaient anxieux et commençaient
à raviver le projet d'expulsion des Acadiens que les gouverneurs
anglais avaient planifier de longue date. Cornwallis prétendait
que le serment prêté sous le gouverneur Phillips n'était
pas valable et qu'un gouverneur ne pouvait pas obtenir qu'ils prennent
les armes contre les ennemis de l'Angleterrre. Les Acadiens maintinrent
que le serment prêté sous Phillips étaient valide
et qu'il serait inhumain de les forcer à en prêter un autre
qui les obligerait à se battre contre leurs frères.
Voici le serment
qui leur fut proposé : "Je
promets et jure sur la Bible, que je serai fidèle et obéirai
à sa Majesté George II que je reconnais comme le Souverain
d'Acadie et de Nouvelle Ecosse, avec l'aide de Dieu"
Comme le gouverneur
Cornwallis effraya les Acadiens en les menaçant de confisquer tous
leurs biens s'ils refusaient le serment. Ils demandèrent la permission
de quitter la province. Le Gouverneur les en dissuada en leur disant que
s'ils partaient, ils seraient obligés de renoncer à toute
propriété. Le serment ne fut pas prêté et,
pour un temps, rien ne se produisit.
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