4 -DE LA VIRGINIE EN ANGLETERRE
Les Acadiens qui, en octobre
1755, sont dirigés vers la Virginie ne connaissent pas du tout le même
sort que les autres exilés. Le plus grand nombre de ces derniers demeure
en Amérique, tandis que presque tous les déportés de Virginie sont embarqués
pour l'Angleterre. Les neuf gouverneurs concernés, qui n'ont pas tous
reçu la circulaire de Lawrence du 11 août 1755, se posent les mêmes questions.
Les Acadiens doivent-ils être traités en prisonniers de guerre ? Quels
sont leurs besoins matériels quotidiens ? Que faire de leurs exigences
et de leurs revendications ? Le 15 novembre, le gouverneur de Virginie,
Robert Dinwiddie, écrit au ministre du Commerce pour l'informer que plus
de mille Français neutres de Nouvelle-Écosse sont arrivés à Williamsburg
et lui faire part de son embarras et de son mécontentement.
D'autre part, comme ces Acadiens ont refusé de jurer allégeance à Sa Majesté,
il s'inquiète : « Nous ne pouvons avoir qu'une très faible perspective
de leur qualité soit de bons sujets, soit de gens utiles... » Le 17
novembre, il écrit à sir Thomas Robinson, secrétaire du ministre : «
Il est très désagréable aux habitants que l'on ait fait venir un grand
nombre de Français pour vivre parmi eux, alors que beaucoup de gens de
cette nation, alliés aux Indiens, sont maintenant en train d'assassiner
et scalper nos colons des frontières 2... » Pour Robert Dinwiddie,
les Acadiens sont des ennemis, puisqu'ils sont français et catholiques.
Avec beaucoup de défiance, il leur demande s'ils peuvent promettre de
s'installer en paisibles sujets, respectueux des lois de la colonie et
les Acadiens répondent qu'ils ont juré fidélité à Sa Majesté et qu'ils
ne prêteraient plus jamais aucun serment, mais ils ajoutent qu'ils exigent
le libre exercice de leur religion catholique et romaine. Le gouverneur
et son Conseil décident que les Acadiens seront « maintenus » jusqu'au
printemps et qu'à cette époque on leur attribuerait des terres afin qu'ils
s'installent.
En réalité, au printemps de 1756, on embarque les Acadiens sur différents
navires et, pour la somme de cinq mille livres, ils sont expédiés en Angleterre.
Dinwiddie, qui n'avait pas été prévenu de l'arrivée des Acadiens en Virginie,
ne prévient pas les autorités anglaises de l'expédition qu'il leur destine,
mais des marchands revenant des colonies d'Amérique annoncent qu'il faut
s'attendre à l'arrivée prochaine « d'un grand nombre de Français neutres
»... . Le 26 juin, à Bristol, 289 Acadiens débarquent du Virginia Packet.
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