Acadie |
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Morlaix : 1763-1765
Dès le XVe siècle, Morlaix est
le port le plus important de basse Bretagne
Dans la seconde moitié du XVIlle
siècle, c'est une ville très active d'à peine 10 000 âmes, qui entretient des
relations maritimes importantes avec plusieurs ports étrangers et les grandes
places portuaires françaises : Saint-Malo, Nantes, Bordeaux.
Parmi ses produits d'exportation, la toile vient en tête, suivie des draps,
du papier, du cuir, et du tabac.
C'est donc dans une ville relativement prospère et commerçante que les Acadiens
arrivent en 1763 : ils sont 384, en provenance de Penryn et de Liverpool, qui
débarquent au quai de Léon, au coeur de la ville, en deux convois, avant la
mi-juin 1763, soit en tout soixante-dix-sept familles.
Elles sont bien accueillies par les autorités locales, le maire en tête. Leur
logement pose néanmoins quelques problèmes et, dans un premier temps, elles
sont hébergées dans des casernes provisoirement vacantes.
Mais, progressivement, l'intégration de ces 77 familles acadiennes se fait au
sein de la communauté morlaisienne.
Les documents d'archives témoignent du grand intérêt que les officiers municipaux
de la ville portent aux Acadiens. Outre le logement, ils les aident à trouver
du travail et ils vont jusqu'à obtenir que les enfants acadiens puissent s'inscrire
gratuitement à l'école. Une pension de six sols par jour leur est accordée dès
leur débarquement en métropole.
Mais l'installation à Morlaix n'est que provisoire et, dès juillet 1763, une
délégation de trois Acadiens, chefs de file de leur communauté, se rend à Belle-Isle-en-Mer
afin d'y examiner les conditions d'une installation : il s'agit d'Honoré Leblanc
et Joseph Trahan, anciens prisonniers à Liverpool, et de Joseph-Simon Granger
qui, lui, était à Penryn.
Après bien des tergiversations, cette implantation aura lieu et c'est ainsi
qu'à la fin octobre 1765, 55 familles de Morlaix sur les 77 que comptait la
ville, partent pour Belle-Isle-en-Mer vivre une nouvelle étape de leur odyssée.
L'Abbé Le Loutre en personne, libéré des prisons anglaises de l'île de Jersey
où il était enfermé depuis 1756, est chargé par le duc de Choiseul de préparer
l'installation de Belle-Isle et de convaincre les familles acadiennes.
La présence acadienne à Morlaix ne prendra pas fin pour autant puisque une vingtaine
de familles y demeureront pour longtemps encore, alors que plusieurs autres,
déçues des conditions de leur installation à Belle-Isle, y reviendront quelques
années plus tard ; on en comptera 45 en 1773, représentant 179 personnes.
Plus tard, à l'époque révolutionnaire, deux Acadiennes de Morlaix connaîtront
un sort tragique : Anne Le Blanc née Le Prince, âgée de 80 ans, et sa fille
Anasthasie, âgée de 38 ans, seront guillotinées à Brest pour avoir hébergé à
leur domicile un prêtre insermenté du nom d'Augustin Leclec'h
Morlaix sera aussi la ville d'accueil de Jean-Baptiste Hébert, capitaine de
navire, qui aura une certaine renommée en qualité de corsaire, pour les prises
importantes qu'il fera au service du Roi. Plusieurs autres Acadiens seront aussi
marins sur des bateaux corsaires qui ont Morlaix comme port d'attache.