L'HABITATION DE SAINTE CROIX
Pierre de Gua,
Sieur de Monts, gentilhomme huguenot de La Rochelle, obtient, à
la fin du mois d'octobre 1603, une commission le nommant vice-roi de
l'Acadie, du Canada et autres terres de la Nouvelle France, avec mission
de peupler, cultiver et fortifier les dites terres. Le 8 novembre, aux
termes d'une lettre patente, le Roi Henri IV, lui accorde le monoplole
du commerce entre les 40e et 46e degrés de latitude nord, pour
une durée de dix ans. En échange il s'engage à
établir en Acadie un certain nombre de colons chaque année.
Pour financer cette entreprise, de Monts forme une compagnie de marchands
de La Rochelle, Saint-Malo, Rouen et Saint-Jean-de-Luz.
Pour l'aider dans sa
tache, il s'adresse aux Malouins Poutrincourt, armateur, et Dupont-Gravé.
Deux navires
quittent le Hâvre début mars 1604. Samuel Champlain fait
partie du voyage, à titre de géographe. Quelques nobles,
des architectes, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers mais
aussi des soldats, deux prêtes et un pasteur. Au total, cent vingt
personnes, tant catholiques que protestantes, acceptent d'émigrer.
L'embarcation
de de Monts et Champlain jette l'ancre, le 13 mai, dans un très
beau port où il y a deux petites rivières qu'ils nommeront
" Port-au-Mouton " pour attendrent l'arrivée de l'autre
navire commandé par Gravé Du Pont. Champlain part à
la recherche d'un endroit où s'établir. Il explore une
baie que de Monts nommera la Baie Française (baie de Fundy) pendant
un mois.
Pendant
ce temps, les passagers se construisent des cabanes, à l'entrée
du port, près de deux lacs d'eau douce.
Champlain
retourne au Port-au-Mouton. " le lendemain, écrit Champlain,
le sieur de Monts fit lever les ancres pour aller à la baie Sainte-Marie,
lieu que nous avions reconnu propre pour notre vaisseau, en attendant
que nous eussions trouvé un autre plus commode pour notre demeure
".
Mi-juin,
l'expédition arrive " dans l'un des plus beaux ports que
j'eusse vu en toutes ces côtes où pourraient loger deux
mille navires en sûreté ", il méritera le nom
de Port-Royal. A ce moment du voyage, l'expédition se scinde
en deux. Jean de Biencourt de Poutrincourt , séduit par le site,
demande au sieur de Monts la permission de s'y établir et de
lui donner la seigneurerie de Port-Royal, ce que le Roi ratifia en 1606.
De
Monts et Champlain poursuivent leur route. Le 24 juin, ils découvrent
" une rivière des plus grandes et des plus profondes
que nous eussions vues, que nous nommâmes la rivère Saint-Jean,
parce que ce fut ce jour-là que nous y arrivâmes ".
Le 26 juin, ils découvrent une petite île en remontant
une rivière . De Gua la baptise: Sainte Croix. L'endroit leur
parait excellent en tous points. Non seulement il sera facile de se
défendre des incursions des Anglais mais peut-être aussi
des Indiens. Tout bateau qui chercherait à remonter la rivière
d'un côté comme de l'autre serait pris sous le feu des
canons installés sur l'île. En outre, les chefs de l'expédition
estiment aussi que l'emplacement est favorable au commerce qu'ils projetent
d'avoir avec les Indiens installés dans la contrée.
Les
hommes se mettent à l'ouvrage pour construire une petite plate-forme
sur un îlot devançant l''île Sainte Croix. Peu de
temps après un canon y fut installé. Les sapins et les
chênes fourniront le bois pour élever les constructions
nécessaires : un ensemble entouré d'une palissade, comprenant
un magasin, la maison du Sieur de Monts, une galerie pour les réunions,
une forge, les logements des colons, une chapelle. Les paysans labourent
la terre, font des jardins pendant que d'autres explorent les environs.
Le
31 août, les deux vaisseaux font voile. Poutrincourt et de Saint-Just,
un ami de de Monts, retournent en France. 79 hommes vont attendre le
retour des navires au printemps suivant avec de l'approvisionnement
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