Un observateur : Samuel de Champlain
Champlain, le seul qui ait laissé un récit de ce voyage, rapporte que,
1e 11 juin il explore « quelque douze ou quinze lieues dans le Saguenay,
qui est une belle rivière et qui a une profondeur incroyable ». Le paysage
a quelque chose d'antipathique aux yeux de Champlain. « Toute la terre
que j'ai vue, écrit-il, ce ne sont que montagnes de rochers, la plupart
couvertes de bois de sapins, de cyprès et de boulle. C'est une
terre fort mal plaisante où je n'ai point trouvé une lieue de terre plaine
tant d'un côté que de l'autre. Il y a quelques montagnes de sable et des
îles dans cette rivière qui sont hautes élevées. Enfin ce sont de
vrais déserts inhabitables d'animaux et d'oiseaux. » Les Montagnais décrivent
au géographe la région plus au nord. « il y a, disent-ils, un lac qu'il
faut deux jours à traverser en canot. Beaucoup plus au nord, il y a une
mer qui est salée. »
Le
18 juin, les navires quittent Tadoussac pour remonter le fleuve saut Saint-Louis.
Ils mouillent l'ancre à Québec « qui est un détroit de la rivière
de Canada et qui a quelque trois cents pas de large ». C'est la première
fois qu'apparaît le nom Québec. L'appellation Stadaconé est disparue
et les nouveaux occupants ont donné à l'endroit un nom qui signifie «
où l'eau se rétrécit ». En passant aux Trois-Rivières, Champlain note
: « Ce serait, à mon jugement un lieu propre à habiter et pourrait-on
le fortifier promptement, car sa situation est forte en soi et proche
d'un grand lac. » Le dernier jour de juin, l'expédition arrive à l'embouchure
de la rivière Richelieu, connue alors sous le nom de rivière des Iroquois.
Encore une fois, les Indiens sont d'une grande utilité. Ils révèlent aux
Français que cette rivière conduit à un grand lac, puis à une rivière
« qui va rendre à la côte de la Floride ».
Rendus dans la région de Montréal, Gravé Du Pont et Champlain questionnent,
autant qu'iIs le peuvent, les Indiens sur le pays plus à l'ouest et plus
ont au nord. D'après la description fournie, Champlain affirme que c'est
là que se trouve la mer du Sud, celle qui conduit à la Chine ! Le 4 juillet
commence le voyage et de retour. Onze jours plus tard, les navires font
relâche à Gaspé. Champlain visite Percé et l'île Bonaventure. Partout,
il s'informe de l'existence des mines. Le 19 juillet, décision est prise
de revenir à Tadoussac, où l'on arrive le 3 août. Après un arrêt de quinze
jours, c'est un nouveau départ pour Percé, où l'on rencontre Jean Sarcel
de Prévert, un Malouin qui prétend avoir découvert des mines de cuivre.
Le 20 septembre 1603, Champlain est de retour au Havre. Pendant l'absence
des expéditionnaires, Aymar de Chaste est décédé.
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