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Il trouve également l'administration
royale bien tâtillonne et peste contre les «maltôtiers», c'est-à-dire
les douaniers, qui visitent la voiture à deux reprises, à la frontière
Bretagne-Anjou, à la Riotière, et la seconde fois aux entrées de Paris
«Ces satellites de Plutus y sont (entre Varades et Chantocé) au nombre
de sept : un receveur, un contrôleur, un emballeur, un capitaine et trois
gardes... Les harpies avec leur corps de vautour, leurs mains armées de
griffes longues et crochues, la chimère avec sa tête de lion et sa queue
de dragon, qui vomissait des tourbillons de flammes et de feu, les furies,
ces divinités infernales... tous ces monstres de l'antiquité... n'étaient
rien auprès de ces satellites. Il semble que l'enfer n'ait produit ceux-ci
que pour le malheur du genre humain». Le premier contrôle se passe
sans encombre, bien qu'il dure quarante minutes, soigneusement chronométrées
; mais à la porte de la Conférence à Paris, les fameux satellites de Plutus
trouvent dans la voiture trois bouteilles de vin d'Espagne. Ils menacent
de confisquer le véhicule et exigent deux louis d'amende, au grand mécontentement
des passagers, qui comptent faire intervenir leurs relations pour récupérer
leur bien. «Nous voici enfin arrivés,
en bonne santé quoique très fatigués au grand village» conclut M.
d'Espivent. Cette conclusion sera aussi la nôtre, avec en post-scriptum
quelques détails sur la manière de voyager, en cette même année, d'une
autre personne de Nantes, Mlle de Kervégan (5) rencontrée à Paris par
notre jeune ami lors de son séjour dans la capitale. «Mlle de Kervégan
est venue en seize jours et demi en bateau de Nantes au Pont St Michel
à Paris; elle a mis dix jours jusqu'à Orléans, de là par le canal d'Orléans
qui a vingt lieues, le Loing douze et la Seine jusqu'à Paris dix huit,
en six jours et demi». Nous regrettons bien sûr de ne pas connaître le
récit de ce voyage au long cours, si toutefois Mlle de Kervégan a elle
aussi tenu son journal. Les Armateurs de la famille Montaudouin - Espivent |