Les fils de Simon LEBLANC
Simon Le
Blanc est né en Acadie, aux Mines en 1747. Il
arrive à Saint-Malo le 27 novembre 1778 et y décède onze
ans plus tard, le 26 décembre 1789.
De son mariage avec Rosalie Sire à Miquelon le 21 avril 1772, il aura
neuf enfants. Les trois aînés naîtront à Miquelon,
les deux suivants à Saint-Servan et les quatre derniers à Saint-Pierre.
Deux de ses
fils, François Xavier et Edouard, se fixeront au Pouliguen,
dans la presqu'île guérandaise.
Marins, nous pouvons suivre leur itinéraire grâce aux registres
de l'inscription maritime déposés aux Archives Départementales
de Loire Atlantique.
François Xavier (Xavier étant son prénom usuel).
François
Xavier avait sept ans au décès de son père. Il sera, comme
son frère Edouard, initié au
métier de marin par son oncle Anselme Leblanc, marié à
Victoire Sire, soeur de Rosalie, la mère de Xavier.. Enfant, il sera
mousse. Il gravira tous les échelons et obtiendra son brevet de Capitaine
le 20 octobre 1806 à Lorient. Il a alors 24 ans.
Le 9 février 1808, il se marie au Pouliguen, avec Jeanne Lamoureux. fille
d'Alexis Lamoureux, lui-même capitaine de navires.
Il s'installe au Pouliguen. Sa
carrière de marin est terminée. Il est toujours inscrit sur les
registres de l'inscription maritime mais noté "au repos" puis
"fait le commerce du sel". Il est devenu négociant en sel,
puis, pour assurer le transport de ce produit, il armera différents bâteaux.
C'est à travers ces bâteaux que nous allons découvrir l'actrivité
de cet homme. Il sera aussi maire de Batz, commune dont dépendait le
Pouliguen.
Faisons d'bord
connaissance avec l'homme. Il était grand pour son époque : un
mètre soixante quinze (ou pluôt 750 mm comme indiquent les rôles
d'armement). Il a le visage long avec un front haut, son nez et sa bouche sont
suffisamment bien proportionnés pour être notés comme ordinaires
et moyens. Il a le menton fourchu et le poil chatain. Ces descriptions, suffisamment
précises pour permettre de dresser un portrait-robot, tenait lieu de
photo d'identité. Elles donnent un charme particulier aux registres de
l'inscription maritime. (cf rôle d'armement du lougre "Les Six Amis"
de 1817, propriétaire Xavier Coste, capitaine
Xavier Leblanc.
Nous notons aussi sur ces documents qu'il était infirme. Une grave blessure
avait obligé les médecins à l'amputer d'une jambe. Il avait
une jambe de bois.
François Xavier allait-il se contenter d'une maigre pension d'invalide
? il n'était pas de nature à baisser les bras devant l'adversité.
Il allait au contraire redoubler d'activié :
En 1818,
il racheta "Les Deux Amis" qu'il commandait l'année précédente.
Il le confie à René Pétel qui embarque, au cours de cette
année 1818, quatre Acadiens dont Edouard Leblanc, le frère de
François Xavier.
Qui sont les trois autres ? Pierre Cormier, son fils Alexis et Etienne Chiasson.
Ces trois là habitent Port-Louis, il est donc exceptionnel qu'ils embarquent
au petit cabotage dans un port aussi éloigné de leur domicile.
La raison est familiale, ils sont apparentés aux Leblanc.
Ils sont cousins et Edouard Leblanc, Pierre Cormier et Etienne Chiasson sont
beaux-frères. Edouard a épousé Marie Anne Chiasson, Pierre
Cormier Julie Chiasson, les deux épouses et Etienne Chiasson étant
les enfants de Joseph Chiasson et d'Anne Vigneau. Nous retrouvons l'esprit de
famille acadien.
Pour le transport
du sel, Xavier possédait aussi deux chasse-marée et un dogre.
Ce dernier bateau était commandé par son beau-frèe, Louis
Alexis Lamoureux.
Etait-ce pour créer un débouché supplémentaire aux
paludiers guérandais qu'il acheta trois brigs qu'il équipa et
arma pour la pêche de la morue sur le grand banc de Terreneuve ? C'était,
avant tout, parce qu'il connaissait très bien cette activité qu'il
avait pratiquée dans son enfance, à Saint-Pierre et Miquelon.
C'était aussi parce que beaucoup de ses cousins étaient retournés
là-bas, en Amérique et qu'il fallait maintenir un lien.
Comme capitaines de ces gros voiliers il employa souvent son cousin germain
Théodore Sire, son frère Edouard, le mari de sa tante Pélagie
Sire : Jérome Perret.
Ces navires armés au Pouliguen ou au Croisic, embarquaient la quantité
de sel nécessaire à la campagne. Ce frêt, utilisé
pour la conservation du poisson, était aussi un très bon lest.
Il s'intéressa
aussi à la pêche du poisson frais en acquérant pas moins
de deux canots et quatre chaloupes.
Les négociants qui possédaient autant de bateaux n'étaient
pas très nombreux dans la région et sa position de Maire de Batz
ajoutait encore à son prestige : c'était un homme important. Il
habitait une maison de fière allure, sur
la promenade, aujourd'hui le quai Jules Sandeau au Pouliguen.
Son cousin germain, Xavier Coste, vint s'établir
sur ce même quai. Il avait de bonnes raisons pour cela : il avait épousé
en 1813 Hyacinthe Perraud, de Mesquer. Il était propriétaiare
du dogre "La Pauline" qui, à défaut d'autre frêt,
pourrait transporter du sel. Joseph Coste, le
frère de Xavier, préféra s'installer au Croisic, propriétaire
du lougre "Le Paul & Arséne", il se consacra au transport
du sel entre la Presqu'île guérandaise et Rouen. Plus tard, Jean
Coste, frère des deux précédents, capitaine au long-cours,
viendra prendre sa retraite au Pouliguen, près de ses frères.
Xavier Leblanc s'éteind, dans sa maison du Pouliguen, le 21 juin 1853.
Quelques années plus tard, son fils Edouard Alexis épousera la
fille de Xavier Coste, ce fut certainement, ce 4 juin 1855 que se célébra
le dernier mariage entre Acadiens dans la Presqu'île guérandaise.
Contrairment à
François Xavier qui naquit en métropole, à Saint-Servan,
Edouard vit le jour le 3 octobre 1784 à Saint-Pierre de Terrenveuve,
dans l'île Saint-Pierre et Miquelon où ses parents étaient
retournés vivre. Il n'avait que 5 ans à la mort de son père.
Non inscrit sur les registres
jusqu'en 1818, il déclara à cette date à l'Inscription
maritime naviguer depuis son enfance.
Cette même année, il obtiendra son brevet de maître
au petit cabotage.
Il naviguera jusqu'à l'âge de 60 ans,
Marié à Port-Louis à une Acadienne, Marie Anne Chiasson,
il rejoindra son frère au Pouliguen. Son épouse
décèdera à l'âge de 36ans. Sa fille ainée,
Marie Anne, épousera le 3 février 1834, Napoléon
Caillo, un marin croisicais. Trois mois plus tard,
le 3 mai 1834, son fils Eugène,
mousse dès l'âge de 11 ans sur le brick "L'Edouard" ne
noiera tragiquement en Rivière de Bordeaux. Edouard
décédera, en son domicile, le 5 juillet 1857.
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