23 AOUT
1754 : Capture, par un corsaire salétin sur les côtes de Barbarie
de la tartane "St-Antoine-de-Padoue" du patron François Joly, 41 ans,
de Collioure.
Equipage : Antoine
Gerbal, 24 ans, écrivain, Laurent Coste, 50 ans, Vincent Frances,
48 ans; Joseph Anquine, 30 ans, Laurent Coste, 14 ans, tous de
Collioure,
Joseph Cabainnes, 40 ans-, Barthélemy Remus, 20 ans, Raimond Cabainnes,
10 ans, mousse, tous Catalans, restés à Oran, J.-B. Lance, 30 ans,
Catalan.
Intéressés : Pierre Aragon, directeur des vivres pour les troupes
d'Oran (ou de Carthagène).
Cargaison :
blé de Carthagène.
Itinéraire : "Le 16 mai, avoit fait voile du port de Collioure
à droiture pour Cartagène avec J. Cabagnes, sobrecarg.
Où il aboit chargé 1600 faucques de bled pour porter à Oran à la consignation
de Pierre Aragon, directeur des vivres pour les troupes en cette place.
Fait voile le 27 juin dernier pour la cotte de Barbarie et directement
pour la plage d'Aragon, ribière de Tremessen, pour y faire un chargement
de bled ou d'autres danrées du même pais et se rendre ensuitte dans son
département, où ayant jetté l'ancre,
3 jours après ils avoient veu bénir sur eux une galiote portant pavillon
d'Alger, armée d'environ 90 h. d'équipage, de sorte que se méfiant que
ce ne fut quelque galiote de Salé, comme en effet elle étoit de Tétouan.
Cabagnes, sobrecarg, avoit dit, en voyant la galiote : allons pescher
pour porter et donner au cay quelque poisson qu'il m'a demandé pour envoyer
au Bey, et, s'étant embarqués dans la chaloupe et séparés de la tartane,
ledit Capitaine Joli avoit crié et dit à luy de retourner incessamment
et sans perdre de tems à bord de la tartane s'ils voyoient que la galiote
tournait de bord du cotté des terres ; où étant arrivés, il étoit monté
sur une hauteur pour voir et observer le mouvement de la galiote, tandisque
les mariniers étoient à la pesche , qu'environ 1 h. et demi après ayant
veu et reconnu que la galiote tournoit de bord, il étoit descendu de la
montagne et avoit appellé les matelots, étant allé avec eux chez le gouverneur
ou cay, tant pour luy porter partie du poisson qu'ils avoient pris que
pour savoir de luy ce qu'ils devoient faire et observer , que ledit gouverneur
leur avoit dit de retourner incessamment et sans perdre de temps à bord
de la tartane et de s'approcher avec elle le plus près de terre, qu'il
leur seroit possible, et du moins de sauver leur fonds et tout ce qu'ils
pourroient emprter avec la chaloupe. Qu'en attendant il alloit envoyer
des Mores à bord du bâtiment pour le défendre en cas que ce fussent des
Salétins.
Luy déclarant, avec tout son équipage, s'étoient sauvés à terre avec la
chaloupe, emportant avec eux en argent comptant le fonds qui devoit servir
pour l'achat du chargement, où étant arrivés, le cay ou gouverneur du
lieu les avoit très bien reçus et mis sous sa protection , que dans même
instant, ledit cay ayant pris la chaloupe d'un vaisseau anglois qui se
trouvait à la charge, il y avoit fait embarquer environ 25 Mores pour
aller reconnaître ladite galiote et savoir si elle étoit d'Alger,ou de
Salé, portant toujours le même pavillon , de manière qu'étant arrivés
à bord, ils reconnurent qu'ils étoient Salétins, et dirent à ces Salétins,
d'ordre du gouverneur, qu'ils alloient à bord de la tartane et que, d'ordre
du même, ils ordonnoient à la galiote, s'ils étoient Salétins, de se retirer,
attendu qu'il n'avoient rien à faire dans les ports dépendens du roy d'Alger
, que nonosbtant cette défense les gens de la galiote étoient entrés dans
la tartane, et qu'après en avoir fait lever les ancres par la chaloupe
et mariniers du même vaisseau anglois, ils avoient mis à la voile, portant
toujours pavillon d'Alger, et emmené ladite tartane.
Les Mores, pour les consoler et soulager de leur disgrace, leur avoit
envoyé tous les jours qu'ils restèrent à terre pain et viande gratis,
de sorte qu'après avoir resté encore six jours, luy capitaine et tout
l'équipage dans la rivière de Tremezen, ils se sont embarqués sur la polacre
angloise commandée par le capitaine Et. Fontane Larose de Gibraltar, pour
cette place d'Oran, où ils étoient arrivés le 15 de ce même mois, n'ayant
sauvé que le fonds, leurs hardes, et la chaloupe de la tartane.
" Congé de l'Amiral de France (cachet de cire rouge).
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